Partenaire Mystère [Summer/Aimée]

Harvard avait le chic pour pimenter (ou pourrir, selon les points de vue) la vie de ses étudiants. Chaque nouvelle année inaugurait une nouvelle idée.
Et cette fois, la dernière trouvaille du Directeur s'appliquerait aux premières années.

En arrivant à Harvard, tous les élèves de mon niveau doivent choisir un partenaire pour rédiger un dossier, d'une soixantaine de pages au minimum, qui fera ensuite l'objet d'une "soutenance orale", avec des examinateurs tous plus critiques les uns que les autres. La nouveauté? Et bien, contrairement à nos prédécesseurs, nous n'aurons pas la possibilité de choisir notre partenaire... "Les binômes", avait expliqué le directeur," seront constitués au hasard par l'équipe enseignante sans tenir compte des élèves. Il s'agit de favoriser les rencontres entre les nouveaux, et surtout de leur apprendre à travailler en groupe, même avec quelqu'un que l'on a pas choisi."

La nouvelle avait faite grincer. C'était bien la première fois que l'ensemble des élèves s'accordait sur quelque chose, d'ailleurs. Vu le coefficient du dossier, il était complétement impensable de le réaliser avec quelqu'un que l'on ne connait pas, qui ne nous connait pas, et qui n'hésiterait peut-être pas à nous planter en nous laissant faire tout le travail... Certains intellos avaient déjà frôler le malaise, surtout ceux qui s'étaient retrouvés associés à des sportifs. Les pauvres.

Mon désarroi personnel était caché sous une expression figée, indifférente, glaciale même. Plus je m'avançais vers le tableau où étaient affichés les nom, plus je voyais les bonnes notes escomptées pour cette année partir en fumer. Très vite, je repérai mon nom. J'étais avec...

"Aimée Collins?", lus-je, incrédule. "Mais c'est qui, Aimée Collins?"

Mon agacement devint audible. Franchement, j'ai l'impression que le directeur s'amuse à nous faire tourner en bourrique. Comment suis-je censée la connaître, moi, 'Aimée Collins?' Je viens à peine d'arriver!

Et c'est là qu'une voix me répondit...

La nouvelle idée du directeur m'avait laissé sans voix. Nous retrouvais avec des gens que nous ne connaissions même pas, c'était de la pur folie ! Certains, comme moi, allaient réagir très mal à cette nouvelle, surtout les intellos qui allait se retrouver en binômes avec des crétin complet. Je les d'avance ! Mais moi, je sentais bien que j'allais me retrouver avec un crétin de sportif qui, dès qu'il arrivera devant "les portes du cimetière" dira : "Ben dis donc son cimetière on le voit même pas.". C'était sur ce genre de remarque que j'avais envie de tuer quelqu'un. Quand on ne comprend rien à l'art on est un crétin fini, voilà ma vision de la vie. J'arrivais figé devant la fiche qui allait signé mon arrêt de mort et me dire avec quel crétin je serais. J'étais avec une certaine Summer Bilson, qui c'était elle ? J'entendis alors quelqu'un prononcé mon nom, au secours ! Je n'avais absolument pas envie de savoir qu'elle tête celle avec qui j'étais, j'allais, néanmoins, être obligé de lui dire que c'était moi. Je pris mon courage à deux mains en disant :

"Aimée Collins c'est moi !"

Je m'approchai d'elle, puis lui demanda :

" Summer Bilson je suppose ?"

Je ne l'avais jamais mais je sentais bien qu'on allait pas être compatible. J'étais vêtu d'une salopette en jean avec un tee-shirt rouge, j'avais décidé aujourd'hui de laisser mes cheveux libre.

Je me retournai vivement en entendant quelqu'un répondre par dessus mon épaule. C'était une blonde aux cheveux lâchés, vêtue d'une salopette qui contrastait prodigieusement avec ma propre tenue, une robe griffée. Le soulagement de ne pas me retrouver collée à un sportif se refroidit sensiblement lorsque je la vis... Nous avions pas l'air très compatible. D'ailleurs, vu comment elle me regardais, elle devait surement me prendre pour une garce superficielle dont les connaissances ne dépassent pas sa garde robe... Charmant.

"Oui, c'est moi Summer Bilson", répondis-je platement

Nous nous jaugeâmes un instant. Je soupirai intérieurement. Bon, les choses étaient mal engagées... Mais je voulais une bonne note, une très bonne note, donc hors de question de laisser une mésentente potentielle mettre en péril mes ambitions. Et puis, notre différence pouvait être un atout. Apporter deux points de vue que j'espérais complémentaire au même sujet, de façon à le traiter plus largement. C'est ce que je tentai de lui expliquer, le plus aimablement possible, avec un sourire timide:

"Bon, d'accord, viens", je l'attirai loin de la foule d'étudiants paniqués qui nous entourait. "Je sais que... Je ne suis pas la personne avec qui tu te serais mise. Un coup d'œil suffit pour dire que nous n'avons rien en commun. Mais c'est précisément parce que nous ne nous ressemblons pas que notre dossier pourrait être intéressant, du moins si nous parvenons à nous entendre...Tu vois ce que je veux dire?"

J'avais essayé d'être claire, souriante, et pas trop directive... Mais cette situation avait le don de me déboussoler, à tel point que j'en perdais mon sens de l'élocution... Espérons qu'elle sera réceptive...

Je jaugeai Summer de la tête au pied. Je commençais sérieusement à paniquer quand à sa vision du monde sur les choses, si ça se trouvait on allait s'entretuer car chacune croira avoir raison et voudra le mettre dans l'exposé. D'ailleurs quel était-il le sujet de cet exposé ? Je n'avais absolument pas suivi le reste du discours du principal parce que :
1. C'était super ennuyant.
2. Je flippais à l'idée de me retrouver avec un sportif qui ne ferais rien.
Bref j'étais complètement hors-sujet sur le coup mais je m'en fichais, je bosserais... Dès que je connaîtrais le sujet bien sûr. Summer portait une robe griffée, le genre de robe que ne porte que les bitch, je le sentais très mal sur ce coup-là. La jeune femme m'entraîna hors de la foule paniquée à l'idée d'être avec son pire ennemi. La jeune Bilson me dit que nous n'avions rien en commun. Bravo Sherlock Holmes je l'aurais jamais deviné seule, pensais-je. Elle ajouta que c'était également pour cette raison que notre dossier pourrait-être intéressant si nous parvenions à nous entendre.

"Mouais", dis-je sceptique. "Alors on recommence. Salut moi c'est Aimée, on va bosser ensemble j'espère qu'on va bien s'entendre", dis-je en lui tendant la main et en lui souriant.

Puis j'ajoutai :

"Au fait c'est quoi le sujet ? Parce que je t'avouerais que j'ai absolument pas suivi"

Et Aimée Collins remporte le trophée de la boulette de l'année. Mouhahaha je suis trop forte, pensais-je.

Aimée sembla réceptive à ma tentative d'approche. Ce n'était pas ma meilleure amie, mais la situation était moins pire que dans mon imagination. Avec un air dubitatif, Aimée me tendit la main. J'avais eu l'air aussi aimable qu'une Bitch venant de se casser un ongle, tout à l'heure. Rien de tel qu'une mauvaise première impression pour détruire ma "bonne entente" avec ma nouvelle partenaire. Elle eut l'air de se relaxer un peu, ma précédente attitude l'ayant mise sur la défensive: je tentai donc de l'imiter.

"Summer Bilson", répondis en serrant sa main tendue avec un sourire, "Promis, je suis moins Bitch que j'en ai l'air", ajoutais-je en riant. "Il n'y à pas de raisons qu'on s'entende mal, suffit de faire chacune des efforts..."

Je m'inquiétai de l'ampleur des dits "efforts". Il serait bon que nous soyons un minimum sur la même longueur d'onde. Le visage d'Aimée s'éclaira, comme si elle riait d'une blague intérieure, puis elle m'avoua qu'elle n'avait absolument rien suivi de ce que le directeur avait dit.

"Personnellement, j'ai fais un blocage sur l'histoire des partenaires imposés. J'ai eu du mal à suivre après", avouais-je," Mais j'ai quand même retenu l'essentiel: en gros,on doit faire un dossier sur l'évolution de la peinture en appuyant notre recherche sur la littérature." Je fis la moue,"Je vais souvent à des vernissages ou à des expositions, l'art m'intéresse beaucoup, mais je t'avouerais que je suis plus calée en littérature.... J'espère que c'est le contraire pour toi", conclus-je avec un sourire

Je trouvais à ma partenaire un profil artistique, alors espérons que mon hypothèse soit juste...

J'espérais que Summer est un peu plus écouté que moi parce que sinon on aller devoir trouver quelqu'un pour nous dire le sujet et à mon avis toujours était resté bloquer sur l'histoire du "Vous n'allez pas connaître votre partenaire". Il faut dire que ce n'était pas évident de devoirs s'habituer à une personne qu'on ne connaissait absolument pas. La jeune femme me dit qu'elle était moins bitch qu'elle en avait l'air, j'espérais bien sinon on allait pas du tout s'entendre. Elle me dit alors le sujet, on devait faire un dossier sur l'évolution de la peinture en s'appuyant sur la littérature. J'allais avoir un léger soucis, j'étais nulle en littérature, je ne lisais aucun bouquin sur l'art je préférais nettement regarder une oeuvre et l'étudier par moi-même plutôt qu'un bouquin me disent bêtement de quoi il s'agit. Pitié que Summer soit calé en littérature, l'art en lui-même à la limite je pouvais gérer. Elle me rassura alors en me disant qu'elle aimait l'art, un point pour elle, mais qu'elle était nettement plutôt calé en littérature.

"On a de la chance toi t'es calée en bouquin moi en art, on se complète finalement", dis-je en lui souriant. "Et il faut qu'on fasse combien de page pour le dossier ?"

Et oui je n'avais absolument rien suivi et j'en étais fière, en plus je ne savais pas non plus quand est-ce qu'on devait le rendre, bref j'ai dormi pendant tout le truc. Ne sachant trop quand est-ce qu'on devait le rendre je préférais qu'on commence vite.

"Quand est-ce qu'on le commence ? Parce que je vais t'avouer que je ne sais pas non plus quand on le doit rendre"

Le soulagement du se lire sur mon visage. Finalement, avec elle calée en art et moi en littérature, nous pourrions nous accorder. Et surtout, les spécialités de chacune rendaient la répartition du travail évidente, donc pas besoin de s'entretuer pour savoir qui fait quoi. Bon point pour ma 'partenaire' et moi. Je lui rendis son sourire lorsqu'elle en vint à la même conclusion que moi sur notre complémentarité.

"Une soixante de pages", répondis-je," Mais je pense que nous pourrions en faire une bonne dizaine de plus." Elle me regarda comme si je venais de sortir d'une soucoupe volante. Super. Reformulons: "J'ai l'habitude de ce genre de travaux, ils étaient obligatoires dans mon ancien lycée. Crois-moi, ça fait toujours bien d'en rajouter un peu, histoire de montrer qu'on maitrise tellement bien notre sujet qu'on peut ouvrir sur autre chose. Et puis c'est ça l'avantage avec la littérature", ajoutais-je avec un demi-sourire, "il y a toujours moyen de baratiner et d'étaler sa science. Ça met les profs en extase complète."

Nul doute que la notation était plus dure à Harvard, mais cette règle restait immuable. Elle avait déjà fait ses preuves à de nombreuses occasions alors que j'étais encore lycéenne.

Sa question suivante me fit rire. "Tu as du bien dormir pendant le discours du directeur", remarquais-je, "On a un trimestre pour le faire. Vu l'ampleur du travail, autant s'y mettre vite."

Je vis alors du soulagement dans le visage de Summer, moi aussi j'étais soulager je n'aurais pas à faire tout le travail seule avec un sportif qui ramènerait 24h24 des nanas quand "on" voudrait bosser. Quand elle me dit qu'on devait faire soixante page et quand plus elle voulait en faire une dizaine de plus, je la regardais ahurie, déjà soixante c'était plus que mon maximum mais dix de plus relevait du défi pour moi et c'était vouloir ma peau que de m'en demander autant. La jeune femme m'expliqua alors que ça faisait bien d'en faire plus, comme ci on connaissait parfaitement notre sujet.

"Mouais enfin moi ça me met pas en extase complète", rigolais-je.

Je n'y pouvais rien si les discours du dirlo m'ennuyait plus qu'autre chose, généralement je me cacher dans la foule de manière à pouvoir écouter tranquillement mon Ipod, et quand je n'en avais pas l'occasion je dormais tout simplement et quand j'entendais un grand brouhaha je me levais et sortais en suivant le troupeau faisant semblant d'avoir super bien suivi même si ce n'était pas le cas.

"Si tu veux on peut aller à la bibliothèque maintenant et si on fais une dizaine de pages par semaine je pense qu'on aura amplement fais tes dix pages de plus avant la fin du trimestre", dis-je.

Aimée eut l'air d'accepter mes fameuses pages supplémentaires, même si l'idée "ne la mettait pas en extase", comme elle me le dit.

"J'avoue", commentais-je gaiement, "on ne sera vraiment heureuses que quand ce dossier sera fini et qu'on aura une super note."

Parce que, bien-sûr, il était hors de question que j'obtienne autre chose. Une super note, rien d'autre n'était envisageable.

Puis, elle me proposa d'aller directement à la bibliothèque. Dix pages par semaine n'était pas un rythme éreintant, mais suffisamment soutenu pour nous permettre de terminer dans le délai. J'avais été tellement stressée à cause de ce dossier que de ne plus avoir à m'en soucier me détendit tout à coup.

"D'accord, ça me parait pas mal", acceptais-je en souriant. "j'ai déjà pas mal de livres qui parlent de notre sujet, en plus. Je les lirais et je t'en ferais une petite synthèse pour que tu vois à quoi t'en tenir."

Mais c'est alors que nous entendîmes des cris provenant d'une dispute. Une voix bourrue, rauque, passablement énervée, s'égosillait sur une deuxième, plus fluette et moins assurée. Puis, le propriétaire de l'énorme voix, un sportif - tiens, tiens, quelle surprise!, fendit la foule de badauds qui assistaient à l'affrontement. Il disparut de notre champ de vision après nous avoir tous passablement aspergés de regards assassins. Des deux qui se battaient, il ne restait alors plus qu'un intello, subitement devenu aussi rouge que l'énorme monture de ses lunettes. Le partenariat allait être idyllique entre eux...

Je compatis à la douleur de ce pauvre intello, tout en me réjouissant de ne pas moi-même avoir ce problème.

"T'as vu ça", lançais-je à Aimée, "quels boulets ces sportifs! Il faudrait leur mettre une muselière en dehors des matchs"

(J'aurais pu proposer cette idée au syndicat des étudiants, mais pas sûre qu'ils l'apprécient...)

Summer me dit qu’on ne serait vraiment heureuse que quand on aura bouclé ce dossier et qu’on aura eu une super note. Pour moi rien que le fait de le terminer me rendrait heureuse ! Je n’avais pas franchement envie de faire dix pages directs mais là tout à coup, j’avais envie de faire les dix directs pour après pouvoir passer le reste de ma semaine tranquille en n’ayant pas sur la conscience de devoir finir les dix pages dans les délais. Ma partenaire accepta mon offre des dix pages par semaine. Tant mieux parce que sinon elle pouvait aller les faire toute seule ses dix pages, je me serais mis de suite en grève. La jeune femme me dit qu’elle avait déjà pas mal de livre traitant notre sujet, elle ajouta qu’elle me ferait une synthèse pour que je puisse voir à quoi m’en tenir.

Des cris éclatèrent alors dans les couloirs. C’était un intello et un sportif qui se disputait. Pauvre petit il allait mourir, les sportifs n’étaient pas du genre commode surtout quand on les énervait. Les intellos, eux, étaient plutôt civilisés mais ne décollaient pas le nez de leurs bouquins. Je soupirais avant de dire :

« On va peut-être y aller, non ? »

Sans même attendre sa réponse je l'attira vers la bibliothèque. Cette bande de dégénéré mentaux en viendrait bientôt aux mains et je préférait ne pas être là quand ça arrivera.

[HJ : On continu à la bibliothèque ?]

Aimée me traîna vers la bibliothèque. Si elle n'avait pas été là, je me serais fait une joie de rappeler à cette grosse brute de sportif que maltraiter les plus petits peut vous conduire directement dans le bureau du directeur, avec une jolie tâche sur votre dossier. La plupart des gens me prenaient pour une Miss "Le-règlement-avant-tout", qui se brosse les dents de façon réglementaire, mais avais-je le choix? Vu le nombre d'associations étudiantes que je présidai, j'avais plutôt intérêt à respecter les règles. Et puis je détestais voir quelqu'un s'en prendre à plus faible que soit. Horripilant, vraiment.

Alors que j'allais solliciter l'avis d'Aimée sur ce point, un silence religieux se fit autour de nous. Nous approchions de la bibliothèque. Même respirer devenait trop bruyant lorsque la bibliothécaire, sosie parfait de la Momie dans le film éponyme, scrutait les étudiants de ses yeux inquisiteurs. Je compris très vite qu'Aimée n'aimait pas cet endroit. A vrai dire, si je n'étais pas moi-même férue de littérature, je n'aimerais pas non plus. l'ambiance était quelque peu... disons... pesante?

"Viens", fis à Aimée en la tirant, "on à qu'à se mettre au fond, comme ça la Momie ne nous entendra pas."

C'est ainsi que nous traversâmes les rayonnages de la bibliothèque, pour ne les quitter que quelques heures et dix pages plus tard...




[HS: Ok, on continue à la bibliothèque, je verrouille ce sujet et je te laisse ouvrir le nouveau ]